Les parents de la Vierge Marie, des exemples à suivre

Anne et Joachim, une foi et une pratique religieuse indomptable malgré les difficultés  
Les parents de la Vierge Marie, des exemples à suivre


... Joachim n’était ni beau ni riche. Saint Joseph, même dans un âge plus avancé, le surpassait beaucoup en beauté. Il était petit, trapu, maigre, mais homme de grande sainteté et d’une piété admirable. Il était parent de Joseph, et voici comment : le grand-père de St Joseph, Nathan descendait de David par Salomon. Il avait eu deux fils, Joses et Jacob, père de Joseph. Lorsqu’il mourut, sa veuve fit un second mariage avec Lévi autre descendant de David par Nathan. Elle eut de lui Mathat, père d’Héli, appelé au Joachim. La demande de mariage se faisait alors avec une grande simplicité. Les prétendants étaient très modestes et très timides. On discutait la proposition. Si la jeune fille consentait, les parents adhéraient sans opposition. Si elle refusait, ils entendaient ses motifs et s’y rendaient facilement. Une fois l’assentiment des parents obtenus, les fiançailles se célébraient dans la synagogue du lieu. Le prêtre priait dans le sanctuaire où se gardaient les livres de la loi, les parents à leur place ordinaire. Les fiancés se rendaient sans un endroit à part, pour s’entendre sur le contrat de mariage. Leurs conventions arrêtées, ils en prévenaient leurs parents, et ceux-ci disaient aux prêtres, qui s’approchaient pour recevoir leur déclaration. Le lendemain le mariage était célébré. La cérémonie était très solennelle et se faisait à ciel ouvert. *
Joachim et Anne furent mariés dans un village où il n’y avait qu’une petite école et un seul prêtre. Anne avait alors dix-neuf ans. Ils demeurèrent pendant plusieurs années à Séphoris, Chez Eliud, père d’Anne. Tous les deux avaient un air noble et des manières distinguées. Au caractère juif, en eux très marqué, s’alliait je ne sais quelle gravité merveilleuse qui paraissait  s’ignorer elle-même. Ils riaient rarement, bien que dans les premiers temps de leur mariage ils n’eussent rien de triste. Ils étaient d’un caractère égal et calme, et ils portaient, dans la première jeunesse, quelque chose de la maturité du vieil âge.
Leurs parents avaient des domaines assez étendus, ils possédaient de nombreux troupeaux, de riches tapis et un bel ameublement. C’étaient des gens pieux, bons, simples, bienfaisants. Bien souvent ils faisaient trois part de leurs troupeaux ; ils en donnaient une au temple et l’y conduisaient eux-mêmes ; une autre était assignée aux pauvres ou offerte à des parents nécessiteux ; la troisième leur restait, et c’était ordinairement la moindre. La vie modeste qu’ils menaient leur permettait d’être toujours charitables. Dans mon enfance, j’ai souvent pensé qu’on a toujours assez pour donner l’aumône : celui qui donne reçoit deux fois ce qu’il a donné. Je voyais en effet que ce qu’ils avaient gardé augmentait toujours, et bientôt il y avait une telle abondance qu’ils pouvaient faire un nouveau partage. Grand nombre de leurs parents se rassemblaient chez eux dans les occasions solennelles. Ils nourrissaient alors plusieurs pauvres, mais je ne leur vis jamais faire de grands festins. Dans leurs réunions, ils avaient coutume de s’asseoir par terre, en cercle, pour parler de Dieu et de l’espérance d’Israël. Il y avait parmi leurs parents de méchantes gens, qui ne voyaient qu’avec irritation les regards qu’ils portaient vers le ciel pendant leurs entretiens et les saints désirs qui s’y exprimaient. Ils ne répondaient à cette malveillance que par la plus grande bonté, les invitaient à toutes leurs fêtes de famille et leur offraient double portion. Souvent ces mauvais cœurs exigeaient avec aigreur et presque avec violence ce que la charité la plus pure leur offrait avec joie et amour.
Peu de temps après, Anne donna le jour à une fille, dans la maison de son père, mais ce n’était pas l’enfant de la promesse. La naissance de cet enfant avait été précédée d’un événement fâcheux. Des chagrins domestiques étaient venus affliger Anne pendant sa grossesse, un des parents de Joachim avait séduit l’une de ses servantes. Anne ne put voir sans la plus vive peine les bonnes mœurs de sa maison ainsi entachées, et elle fit de graves reproches à cette servante. Celle-ci s’affecta tellement de sa honte qu’elle accoucha avant terme d’un enfant mort. Anne craignit avoir été la cause de ce malheur ; elle en fut inconsolable, et l’effet de cette peine fut tel qu’elle accoucha bientôt elle-même avant terme. L’enfant  vécu cependant ; mais, comme elle n’avait pas les signes de la promesse et qu’elle était née avant le temps, Anne qui croyait avoir commis un péché dont tout cela était la punition, demeura profondément affligée. Elle et son époux ne laissèrent pas toutefois de se réjouir beaucoup de la naissance de cette enfant, qui reçut elle aussi le nom de Marie. La petite fille fut aimable, douce et pieuse, et ses parents l’aimèrent beaucoup.

Joachim et Anne s’établissent à Nazareth – Stérilité de Sainte Anne
Ils vécurent ainsi sept ans chez Eliud ; alors seulement ils pensèrent à quitter leurs parents, et ils allèrent s’établir dans une campagne que Joachim tenait de son père aux environs de Nazareth. Leur dessein, en cherchant cette solitude, était de rentrer dans la vie conjugale et d’attirer, s’ils le pouvaient, par une vie plus pieuse, la bénédiction de Dieu sur leur union. On fit le partage des troupeaux, on mit sur des bœufs et des ânes les meubles, les ustensiles et les habits, et quand tout fut prêt, les serviteurs et les servantes partirent les premiers, poussant devant eux les troupeaux et les bêtes de charge jusqu’à la nouvelle demeure, distante de 5 à 6 lieues. Anne et Joachim prirent congé de leurs amis et anciens serviteurs, adressant à tous remerciements et recommandations ; puis ils s’éloignèrent de ce premier séjour, pleins d’émotions et de résolutions pieuses.
... Quand les parents d’Anne et de Joachim les eurent installés dans leur nouvelle demeure, ils prirent congé d’eux, les embrassant et les bénissant, et ils retournèrent à Séphoris avec la petite Marie, première fille d’Anne. Dans cette circonstance et dans les visites ultérieures, je ne les vis point faire le festin : ils se plaçaient habituellement en cercle au tour d’un tapis, deux petits plats et quelques petites cruches étaient placées devant eux ; ils ne parlaient guère que de Dieu et de leurs saintes espérances.
Depuis cette époque, les deux saints époux commencèrent une vie toute nouvelle. Ils remirent tout le passé aux mains de Dieu, et, comme s’ils n’eussent été qu’au premier jour de leur union, ils s’efforcèrent d’attirer sur eux par une sainte vie la bénédiction, seul objet de leurs ardents désirs. Un de leurs premiers soins fut de diviser, suivant les saintes traditions de leur famille, leurs troupeaux en  3 parts : la part du temps, la part des pauvres, et celle qu’ils gardaient pour eux-mêmes. Ils vivaient et prenaient leur sommeil dans de petites chambres séparées, om je les voyais souvent aussi prier avec une grande ferveur. Ils distribuaient de grandes aumônes, et chaque fois qu’ils avaient fait un nouveau partage de leurs troupeaux et de leurs biens, tout se multipliaient de nouveau avec rapidité.
PENDANT DIX-NEUF ANS, ils persévèrent dans cette vie austère. Anne cependant restait toujours stérile, et la tristesse des époux augmentait. De méchantes gens en vinrent jusqu’à les insulter.  « Il fallait qu’ils fussent de gens impies, disaient-ils, puisqu’ils ne pouvaient obtenir d’enfants ; ils avaient évidemment supposé cette petite fille qui était chez les parents d’Anne, puisque celle-ci était stérile. Ne l’eussent-ils pas gardée chez eux, si elle eût été leur véritable enfant ? » et d’autres choses semblables. De tels discours navraient l’âme pieuse des époux.
Cependant rien ne pouvait ébranler dans Anne la conviction que l’avènement du Messie était proche, et qu’elle-même appartenait à la famille du sauveur, selon la chair. Elle priait, elle conjurait Dieu d’accomplir sa promesse ; elle continuait, ainsi que Joachim, à faire de nouveaux efforts pour parvenir à un plus haut degré de pureté. La honte de sa stérilité l’affligeait extrêmement ; elle pouvait à peine se montrer à la synagogue sans y essuyer quelque affront. Joachim était fort, bien que petit. Anne, comme lui de petite taille, était au contraire d’une complexion délicate, minée encore par le chagrin. Ses joues creuses avaient cependant conservé un reste de coloris.

Joachim essuie un affront au temple
Cependant les années s’écoulaient, et la bénédiction de Dieu qu’ils imploraient n’était pas descendue sur leur union. Joachim résolut d’aller de nouveau faire une offrande au temple. Tous deux s’y préparèrent par d’austères exercices ; ils passèrent la nuit à prier, prosternés à terre et en habits de pénitents. A l’aube du jour, Joachim se rendit aux pâturages où étaient ses troupeaux, et Anne resta seule à maison. Bientôt après elle fit porter à son époux des colombes et d’autres oiseaux dans des cages, et divers objets dans des corbeilles, afin qu’il les offrît au temple. Joachim prit deux ânes de ses pâturages, les chargea de tout ce qu’Anne lui envoyait, et se mit en route pour Jérusalem avec ses serviteurs et le bétail qu’il voulait offrir.
Une épreuve bien sensible l’attendait à son arrivée. Le prêtre Ruben dédaigna ses offrandes, et au lieu de les placer en vue à côtés des autres, il les repoussa dans un coin de la salle. Il lui reprocha devant tout le monde la stérilité de sa femme, ne l’admit point avec les assistants, et le relégua  seul à une place humiliante.
Joachim se sentit navré. Il quitta le Temple à la hâte et gagna les pâturages de l’Hermon, où étaient les plus éloignés de ses troupeaux. L’Hermon est une montagne élancée dont le versant méridional est tout couvert de verdure et planté des plus beaux arbres fruitiers tandis que sur l’autre versant il n’y a que de la neige.

Anne reçoit la promesse de fécondité, et se rend au temple
Joachim fut tellement contristé et confus de ce qui était arrivé au temple qu’il ne fit rien dire à Anne de sa retraite. Mais elle apprit l’outrage par des témoins, et ressentit une douleur impossible à décrire. Souvent on la voyait prosternée jusqu'à terre, et toute en larmes ; il lui était insupportable de ne savoir où était mari, car il resta cinq mois entiers caché dans ses pâturages de l’Hermon.
Vers la fin de ce temps, Anne eux encore à endurer les insolences d’une servante qui osa plus d’une fois lui reprocher sa honte. Un jour, c’était au commencement de la fête des tabernacles, cette servante demanda la permission d’aller ailleurs la célébrer. Anne, se souvenant de celle qui jadis avait été séduite, refusa. La jeune fille alors lui reprocha si vivement s stérilité et l’abandon de son mari, comme un châtiment attiré par sa dureté, qu’elle ne put l’endurer davantage dans sa maison. Elle la renvoya à ses parents, auxquels elle fit en même temps porter quelques présents, et dire qu’ils eussent désormais à veiller sur l’innocence de leur fille ; car, pour elle, elle n’en voulait plus répondre.
Quand  Anne eut congédié sa servante, elle entra dans sa chambre, l’âme pleine de tristesse, et se mit à prier. Le soir venu, elle jeta sur sa tête un grand voile, descendit dans la cour et se rendit vers l’arbre dont le feuillage retombait en berceaux de verdure : elle alluma une lampe et se mit à lire des prières écrites sur un rouleau.
Anne pria longtemps sous cet arbre, conjurant le Seigneur de ne pas tenir longtemps éloigné d’elle son pieux époux : n’était-elle pas assez punie déjà de sa stérilité ? Tout à coup un ange de Dieu lui apparut, disant : « Tiens ton cœur en paix, Dieu a exaucé ta prière, rends-toi demain au Temple pour y offrir des colombes ; Dieu a pareillement exaucé la prière de Joachim ; il ira au temple de son côté ; vous vous rencontrez tous deux sous la porte Dorée ». Et l’ange ajouta : « l’offrande de Joachim sera acceptée, et tous  les deux vous serez bénis ; tu connaîtras bientôt le nom de ton enfant. J’ai porté à ton époux la même bonne nouvelle ». A ces mots, il disparut.
A peine eu-elle fermé les yeux, qu’une vive lumière parut descendre des cieux vers, et prit, en s’approchant, la forme d’un jeune homme, resplendissant de beauté : c’était encore l’ange du Seigneur. Il lui dit qu’elle concevrait une enfant toute sainte, et, portant au-dessus d’elle son bras étendu, il écrivit sur le mur, en grandes lettres lumineuses, le nom de Marie ; puis il rentra dans la lumière et disparut. Pendant ce temps, le cœur d’Anne semblait comme agité par les émotions d’un songe joyeux ; elle se releva à demi éveillé sur sa couche, pria avec ferveur et se rendormit, sans avoir une pleine conscience de ce qui s’était passé. Mais, après minuit, une sorte d’ivresse intérieure la tira tout à fait de son sommeil et elle vit avec une joie mêlée de frayeur, l’écriture sur la muraille. C’était un petit nombre de lettres grandes, rouges, dorées, et lumineuses. Elle les contempla, pénétrée d’un contentement et d’un amour indicibles. Ce ne fut qu’au lever de l’aube qu’elle s’effacèrent. Annie vit tout si clairement et sa joie en fut telle, qu’à son lever elle me parut toute rajeunie... à suivre


 

Date de dernière mise à jour : 22/07/2025

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